Les expérienceurs aveugles sont hésitants, mal à l’aise, empruntés quand on les pousse à analyser leurs perceptions visuelles. «Oui», répondent-ils, «Bien sûr j’ai tout vu, l’équipe médicale, mon corps disloqué, la voiture qui tombait dans le ravin, les gens qui couraient dans tous les sens, j’ai tout vu mais pourtant je ne suis pas convaincu que «voir» est le terme juste». Quand Ring demanda à Vicki si elle pensait que sa NDE se situait plutôt au niveau de la vue ou du savoir, elle répondit sans aucune hésitation : «C’était les deux, c’était en même temps voir et savoir».
Voici comment un autre témoin formule la perception :
«Comme je n’avais pas d’yeux, puisque je n’étais pas dans mon corps, je «voyais» avec toute ma conscience».
Lorsque l’on parle de «perceptions visuelles», la formule n’est sans doute pas la mieux appropriée. Chez les aveugles, il serait
plus juste de dire qu’il y a durant la NDE une conscience qui donne accès aux mêmes informations que nous obtenons, nous, par la vision normale. C’est ce que Ring et Cooper ont appelé la «conscience transcendantale», affirmant que «ce ne sont pas les yeux qui voient mais l’esprit» et que finalement non-voyants, malvoyants ou voyants sont tous égaux devant la NDE. La différence tient à ceci : le voyant a des points de repère visuels de sa vie physique lui permettant de faire une description de la NDE selon sa propre habitude à pouvoir décrire des formes et des couleurs. En revanche, le non-voyant de naissance n’ayant pas l’expérience des organes visuels, n’a jamais vu le monde auparavant ; il ne peut donc décrire ce qu’il perçoit avec les formes et les couleurs auxquelles nous sommes habitués. C’est pourquoi il est quasi impossible à un aveugle de définir ce qu’est le bleu, le jaune ou le lumineux, n’ayant pas d’élément comparatif dans le visuel qu’il ne connait pas habituellement.
Voici la conclusion à laquelle Ring et Cooper sont arrivés au terme de leur recherche : «Il s’agit d’une vision sans perceptions
visuelles. Ce que nous avons pris pour une perception visuelle au premier abord s’est révélé être tout autre chose :
une conscience transcendantale.
Cette conscience transcendantale fonctionne indépendamment du cerveau mais doit pour être nommée, nécessairement être filtrée par lui et par un deuxième filtre qui est celui du langage.»
En définitive, ce ne sont pas les yeux qui voient, mais l’esprit. Et de ce point de vue, il y a une grande similitude entre ce
que perçoivent les voyants ou non-voyants lors d’une NDE. Malgré les difficultés du langage pour rendre compte de ces
perceptions hors du corps, l’on constate que les descriptifs sont semblables. Et dès lors, l’on peut conclure que l’esprit
dédoublé du non-voyant retrouve les mêmes propriétés que l’esprit dédoublé du voyant. L’aspect visuel physique n’est plus
qu’un point de repère permettant de mieux décrire une NDE.
Le non-voyant n’a pas ce point de repère, mais son témoignage indique bien que son esprit hors du corps a le même type de
perceptions que la personne voyante.

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