Le hasard ?

Au détour d'un chemin, croiser la route d'un ami que l'on avait perdu de vue depuis plusieurs années, ou celle de la personne avec qui on partagera ensuite le reste de sa vie ; éplucher des légumes et voir, dans le journal qui sert de réceptacle aux épluchures, l'article qui va donner la réponse à un problème qui nous turlupinait ; partir à l'autre bout du monde et y rencontrer un collègue ou un voisin ; retrouver un objet égaré dans un lieu inattendu alors que l'on y pensait plus... Voilà autant de faits, et cette liste est loin d'être exhaustive, que l'on a coutume d'attribuer au hasard.


Tous ces exemples ont pour point commun leur caractère inattendu, inespéré, imprévu, inopiné. Sachant que le mot "inopiné" vient du latin "inopinatus" qui signifie non pensé, nous pouvons en déduire que ce que l'on attribue au hasard est ce que nous n'attendons pas, ce que nous n'espérions même pas car nous ne l'avions pas prévu, ni même pensé. Autrement dit, l'homme n'a eu à utiliser ni son intelligence, ni des calculs pour que des évènements, anodins ou incroyables, surviennent. Ils arrivent malgré nous, si l'on peut dire, et se révèlent parfois de la plus haute importance dans notre destinée. Ces faits sont si fréquents que nous pouvons tous raconter plusieurs anecdotes de coïncidences plus que troublantes que nous ne savons pas toujours expliquer.


Autrefois, le hasard n'existait pas. Ce mot n'est, en effet, rentré dans la langue française qu'au XII ème siècle. Auparavant, on ne parlait que de destin qui, lui, implique la puissance de Dieu pour justifier les faits inexpliqués. Que s'est-il passé pour que l'on veuille exclure l'idée de Dieu des évènements dont l'homme n'est pas à l'origine ?


On raconte qu'un jour, à l'époque des Croisades, des chrétiens et des musulmans se retrouvèrent enfermés, ensembles, dans un même palais. Pour passer le temps, ils décidèrent de jouer aux dés. L'enjeu était de taille car l'intelligence, la stratégie, n'étant pas utiles ici, le vainqueur serait celui qui aurait le Dieu le plus fort. Or, quel était le Dieu "supérieur" ? Celui des chrétiens ou Celui des musulmans ? La partie fut ardue, tendue, mais, finalement, ce sont les musulmans qui la gagnèrent. On aurait pu dire "c'est le destin", mais la destinée est ce qui nous provient de Dieu et les chrétiens, ayant du mal à affronter cette "vérité", prirent le parti de créer un nouveau nom pour définir tout ce qui ne relevait pas ni d'eux-mêmes, ni de Dieu. Ils choisirent alors le nom de "hasard", en référence au jeu qu'ils venaient de faire, car "dés" se dit az-zahr en arabe. Une défaite liée au hasard devenait ainsi plus supportable que si elle avait été liée au destin...


Une autre notion du hasard nous est donnée par les chinois qui disent : "Le hasard, c'est là où l'oiseau se pose", ce qui définit mieux le sens du mot dans son acceptation spirite. Le hasard, c'est ce que nous n'avons pas prévu. Nous ne savons pas où l'oiseau va se poser, nous pouvons éventuellement tenter de le deviner, mais cela n'empêche pas l'oiseau, lui, de savoir où il va et pourquoi. Ce n'est que notre regard, notre pensée ignorante qui peut nous faire parler de hasard en évoquant l'endroit où il va se poser. Ce que l'on appelle hasard n'est donc que la mesure de notre ignorance mais n'exclut pas qu'un autre pense et dirige la situation.


Rien n'est effet du hasard car tout effet a sa cause et sa raison d'être. Rien ne se produit en dehors de l'intervention divine. Ce qui fait dire à Bossuet : "Ce qui est hasard à l'égard des hommes est dessein à l'égard de Dieu" ou, en des termes plus contemporains, à Théophile Gautier : "le hasard, c'est peut-être le pseudonyme de Dieu quand il ne veut pas signer."
Il faut donc être bien présomptueux pour oser parler de "hasard" et donc "d'accident", de "conditions fortuites" par rapport à tout ce qui ne nous était pas consciemment arrivé à l'esprit...
Le comprendre, c'est reconnaître notre petitesse face à ce que nous pensons pouvoir "diriger", mais c'est aussi reconnaître l'aide inestimable qui nous est octroyée pour avancer plus avant vers notre destinée.


Le reconnaître, c'est admettre que l'on peut être le jouet d'impressions qui nous feront choisir tantôt la voix de droite, tantôt celle de gauche, selon le lieu où l'on doit être guidé. Mais, alors que le destin évoque l'idée d'un choix irrévocable, irrésistible, le spiritisme nous enseigne que nous avons toujours un libre-arbitre qui nous permet d'accepter ou de refuser de passer le seuil de la porte qui s'ouvre en face de nous.

 

Le reconnaître sera donc aussi de comprendre que si l'on peut nous influencer, cette influence ne nous est pas forcément bénéfique. Si les Esprits peuvent nous pousser dans telle ou telle direction, s'ensuit-il qu'ils sachent toujours précisément où nous devons aller ? Nous connaissent-ils suffisamment et ont-ils assez de sagesse pour savoir ce qui nous convient le mieux, selon ce que nous avons à vivre ?


C'est avec notre guide, qu'avant de revenir sur Terre, nous avons tracé notre chemin en fonction de ce que avions à expier, à comprendre, à ressentir. Tiens ! Est-ce un hasard si l'Esprit, chargé de veiller sur nous, s'appelle notre "guide" ? Lui sait où nous mener et doit parfois faire preuve de patience et de volonté lorsque des Esprits familiers, forts sympathiques et bienveillants par ailleurs, veulent nous pousser dans la voie qui, à leurs yeux, leur paraît être la meilleure pour nous. C'est ainsi que nous nous trouvons, parfois, avec de véritables "tempêtes sous le crâne", percevant des influences contraires et ne parvenant pas à déterminer celle qu'il nous convient de suivre.
Dans ces moments-là, le plus simple est de faire revenir le calme en soi, c'est à dire de faire taire tous ces Esprits qui, chargés de bonnes intentions, vous assaillent de recommandations, pour vous retrouver seul face à vous-même. Une fois le calme obtenu, une fois le silence revenu dans votre tête, alors la voix de votre guide se détachera pour vous parler et, si vous écoutez votre coeur, vous saurez reconnaître l'écho de votre assentiment.


Ce ne sera alors pas le hasard mais bien une conscience de plus en plus développée qui vous aura mené là où vous le deviez. Ouvrez l'oeil, interrogez-vous sur chaque personne rencontrée, sur chaque action non déterminée par avance, sur chaque fait imprévisible. Pourquoi avoir été à cet endroit-là, précisément à ce moment-là ? Petit à petit, vous apprendrez à distinguer les différentes influences et d'humble jouet, vous deviendrez homme conscient et relié.


Si, par hasard, vous lisez cet article, alors peut-être est-il temps de vous interroger sur tous les instants de votre vie où vous avez eu envie d'utiliser ce mot (ils sont, en général, assez nombreux). Puis, tâchez de les repenser à la lumière spirituelle et vous verrez alors comme votre guide sait être présent à vos côtés et se démène pour vous aider à trouver les solutions qui vous conviennent, car, chaque jour, sans même que nous ayons eu le temps de nous en apercevoir, des pensées nous sont envoyées pour nous permettre de trouver les nouveaux outils nécessaires à notre avancement ou de croiser des personnes qui nous aideront à franchir une nouvelle porte.
S'arrêter sur le hasard, finalement, ne peut se faire sans jeter un oeil éperdu de reconnaissance vers notre Seigneur qui pense à tout...

 

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