L'indulgence

Parmi les qualités primordiales qui découlent de l'enseignement moral, il en est une qui sert tout particulièrement l'union entre les hommes : l'indulgence. Cette qualité requiert la mise en œuvre d'un ensemble de prises de conscience et de valeurs essentielles touchant au pardon, à la charité et à l'amour. 

 Nous avons très souvent l'opportunité de faire preuve d'indulgence envers notre prochain. 

Un certain nombre de conseils et d'exhortations sont donnés par les Esprits supérieurs sur le sujet. 

-  Le premier conseil en ce sens,  est de moins s'attacher aux défauts d'autrui. Il va même au-delà en précisant qu'il faut également éviter de colporter les défauts des autres en faisant tout pour ne pas leur nuire et voire même de protéger celui qui est l'objet de la malveillance d'autrui par manque d'indulgence. 

«L'indulgence ne voit point les défauts d'autrui, ou si elle les voit, elle se garde d'en parler, de les colporter; elle les cache au contraire, afin qu'ils ne soient connus que d'elle seule, et si la malveillance les découvre, elle a toujours une excuse prête pour les pallier».

 L'Amour du prochain est inconditionnel, absolu, il fait fi de l'ego et de l'orgueil. En outre,  les esprits supérieurs nous proposent un examen de conscience qui consiste à nous interroger sur nos propres valeurs, avant de critiquer autrui : «Quand vous jetez la critique, quelle conséquence doit-on tirer de vos paroles? C'est que vous, qui blâmez, n'auriez pas fait ce que vous reprochez, c'est que vous valez mieux que le coupable. O Hommes! quand donc jugerez-vous vos propres cœurs, vos propres pensées, vos propres actes, sans vous occuper de ce que font vos frères? Quand n'ouvrirez-vous vos yeux sévères que sur vous-mêmes? » 

On retrouve un paragraphe même dans la bible  où Jésus l'avait aussi enseigné dans la parabole de la paille et de la poutre que l'on retrouve dans le sermon sur la montagne : 

«Pourquoi vois-tu la paille qui est dans l'œil de ton frère, et n'aperçois-tu pas la poutre qui est dans ton œil? Ou comment peux-tu dire à ton frère : laisse-moi ôter une paille de ton œil, toi qui as une poutre dans le tien? Hypocrite, ôte premièrement la poutre de ton œil, et alors tu verras comment ôter la paille de l'œil de ton frère. » (Mathieu 7 : 3-5, La Bible, Louis Second).

 

 Faire son examen de conscience avant de juger les autres n'est pas toujours aisé. La nature de notre imperfection nous incite le plus souvent à oublier nos mauvais penchants et à ne voir que ceux des autres. C'est aussi l'objet de la réforme intérieure si souvent abordée par les Esprits supérieurs. Cette aptitude à faire son examen de conscience est un rouage essentiel sans cesse évoqué, ainsi que l'exemple du miroir  : «Que penserais-je si je voyais quelqu'un faire ce que je fais? ». Cette question pertinente nous propose de nous dissocier un instant. Si nous rencontrions quelqu'un qui agit exactement comme nous le faisons, qu'elle serait notre réaction? 

« Soyez indulgents, mes amis, car l'indulgence attire, calme, redresse, tandis que la rigueur décourage, éloigne et irrite. » Nous pouvons aisément prendre toute la mesure de ce que cela implique. Combien de rivalités, de conflits personnels, de conséquences démesurées sont apparus à cause d'un défaut d'indulgence ? Combien d'opportunités de réconciliations, de pardon, d'apaisement ont été perdues par manque d'indulgence ? Un autre aspect occulté par celui qui manque d'indulgence est le regard de Dieu lui-même. Comment un individu peut-il espérer que l'on soit indulgent envers lui s'il ne l'est pas envers autrui? La cohérence nous impose là aussi la réflexion. À moins de s'imaginer parfait, il y a de fortes chances que les faiblesses en lien avec nos imperfections soient la source de nombreux troubles et conséquences. Nous serons alors bien heureux de pouvoir espérer le pardon de nos fautes et l'indulgence comme la préconise la loi de causalité. On oublie trop souvent que tout est équilibre et que les lois divines sont immuables. Un conflit non résolu, un défaut d'indulgence entraînera à coup sûr une conséquence. 

 Il est toutefois utile de relever quelques questions à propos de l'indulgence. Tout d'abord, puisque personne n'est parfait, on peut se demander légitimement si l'on ne doit jamais reprendre son prochain?

«Assurément non, puisque chacun de vous doit travailler au progrès de tous, et surtout de ceux dont la tutelle vous est confiée ; mais c'est une raison de le faire avec modération, dans un but utile, et, non, comme on le fait la plupart du temps, pour le plaisir de dénigrer. Dans ce dernier cas, le blâme est une méchanceté ; dans le premier, c'est un devoir que la charité commande d'accomplir avec tous les ménagements possibles; et encore le blâme qu'on jette sur autrui, doit-on en même temps se l'adresser à soi-même et se demander si on ne le mérite pas ».

Par cette réponse qui nous montre combien la charité doit-être comprise, de même que l'humilité.  Assurément, cette pensée  n'est en aucun cas un « chèque en blanc » justifiant que l'on s'en prenne à une personne dont les opinions sont divergentes ou avec qui l'on est en conflit, sous prétexte d'accomplir une quelconque mission d'édification pour le bien public. Il s'agit au contraire de la responsabilité commune de nous intégrer dans la loi du progrès, montrant que nous sommes tous solidaires les uns les autres comme le prescrivent les lois morales, sans oublier que nous sommes également susceptibles, de par notre imperfection, de commettre des erreurs.

Cela ne prétend pas non plus qu'il ne faut pas voir le mal lorsqu'il est réel. Bien au contraire, se bercer dans l'illusion d'un bien omniprésent serait aussi une erreur. Ce qui est en question est de savoir quelle sera notre attitude vis-à-vis du mal commis par notre prochain : «  Le tort est de faire tourner cette observation au détriment du prochain, en le décriant sans nécessité dans l'opinion.», mais aussi d'avoir une vision plus positive, car le mal commis par l'autre peut nous être utile sur le plan personnel, puisqu'il nous évite de tomber dans les mêmes travers. Il faut éviter également d'en faire un étalage sur la place publique : « Il en est tout autrement lorsque, jetant un voile sur le mal pour le public, on se borne à l'observer pour en faire son profit personnel, c'est-à-dire pour s'étudier à éviter ce qu'on blâme dans les autres. »

 Le fait de dévoiler publiquement le mal chez notre prochain est assorti d'une lourde responsabilité. En effet, s'il est avéré et justifié, nous pouvons nous interroger sur la charité dont nous avons fait preuve et surtout sur les conséquences de notre acte. Parfois, il est possible de considérer que c'est nécessaire pour le bien d'un collectif. 

 «Cette question est très délicate, et c'est ici qu'il faut faire appel à la charité bien comprise. Si les imperfections d'une personne ne nuisent qu'à elle-même, il n'y a jamais utilité à les faire connaître ; mais si elles peuvent porter préjudice à d'autres, il faut préférer l'intérêt du plus grand nombre à l'intérêt d'un seul. Suivant les circonstances, démasquer l'hypocrisie et le mensonge peut être un devoir; car il vaut mieux qu'un homme tombe que si plusieurs deviennent ses dupes ou ses victimes. En pareil cas, il faut peser la somme des avantages et des inconvénients. »

Là encore, chacun devra apprécier en son âme et conscience s'il est apte et s'il a la légitimité pour évaluer le pour et le contre, et dénoncer publiquement son prochain tout en restant charitable. 

Il est important d'ajouter qu'en tant que Spirites, médiums et tutti quanti nous avons des responsabilités particulières. Nous bénéficions de connaissances étendues et tous les enseignements que nous avons reçus nous encouragent à nous améliorer nous-mêmes. Le monde spirituel n'a jamais ménagé ses efforts pour nous édifier et la révélation des esprits nous apporte une mine d'exemples d'édification par la morale, clairement expliquée et commentée.

Cette instruction permanente et interactive des Esprits suppose que notre responsabilité pour la mettre en œuvre et l'appliquer soit encore plus grande. J

 

«On demandera beaucoup à qui l'on a beaucoup donné et on exigera davantage à qui l'on a beaucoup confié » (Luc 12 : 48, La Bible Louis Second).

 

 L'indulgence nous préservera ainsi de bien des maux, et il vaudra mieux se garder de tout conflit et critique de notre prochain. Nous pouvons pour conclure par ce message édifiant d'un esprit supérieur : 

"Spirites, n'oubliez jamais qu'en paroles, comme en actions, le pardon des injures ne doit pas être un vain mot. Si vous vous dites spirites, soyez-le donc; oubliez le mal qu'on a pu vous faire, et ne pensez qu'à une chose : le bien que vous pouvez rendre. Celui qui est entré dans cette voie ne s'en doit point écarter même par la pensée, car vous êtes responsables de vos pensées que Dieu connaît. Faites donc qu'elles soient dépouillées de tout sentiment de rancune ; Dieu sait ce qui demeure au fond du cœur de chacun. Heureux donc celui qui peut chaque soir s'endormir en disant : Je n'ai rien contre mon prochain. »

 

(je cite la bible car c'est celle que j'ai le plus étudié en profondeur, mais dans le coran il y a aussi des passages de l'indulgence, et d'ailleurs même dans toute philosophie et religion sur cette planète)

 

Ajouter un commentaire

Commentaires

Il n'y a pas encore de commentaire.