LE BEAU SELON PLATON
Remontons l’histoire et revenons à une figure majeure de la philosophie. Difficile, voire impossible, de passer à côté de l’influence
du philosophe spiritualiste Platon quand on parle de l’idée de beau. Le concept d’«idées» est un point essentiel de la pensée platonicienne, elle-même influencée par les pensées philosophiques occidentales et orientales.
Le monde des idées selon Platon supplante celui de la matière. D’où l’utilisation de majuscule à «idée» et à «beauté» afin de
signifier le caractère premier, immuable, unique. D’après les multiples exemples écrits dans les dialogues socratiques, le «monde
des idées» du platonisme est la définition antique de ce que l’on nomme aujourd’hui «l’au-delà». L’idée du beau
chez Platon provient de ce monde suprasensible, l’idée du beau, en son sens universel et pur, provient de l’au-delà des Esprit.
UN DIALOGUE SUR L’APPRENTISSGE DE LA BEAUTÉ
Avant de développer ce point, voyons brièvement ce que nous dit l’un des dialogues faisant mention du concept de beauté dans Le
Banquet. Ce dialogue situe l’histoire lors d’un banquet en l’honneur de la divinité de l’Amour (Eros). Différents convives vont
proclamer leurs louanges sur le rôle de l’Amour. Ce qui peut nous intéresser en ce qui concerne l’idée de beau, est au moment où
le personnage de Socrate raconte une discussion entre lui et une philosophe et prophétesse du nom de Diotime. Cette dernière
aborde l’initiation de la beauté en vue d’acquérir la révélation de la beauté en elle-même :
«Suivre, en effet, la voie véritable de l’amour, ou y être conduit par un autre, c’est partir, pour commencer, des beautés de ce
monde pour aller vers cette beauté-là, s’élever toujours, comme par échelon, en passant d’un seul beau corps à deux, puis de
deux à tous, puis des beaux corps aux belles actions, puis des actions aux belles sciences, jusqu’à ce que des sciences on en
vienne enfin à cette science qui n’est autre que la science du beau, pour connaître enfin la beauté en elle-même.» Platon, Le
Banquet, éd, Les belles lettres, Col. Librio, 1992, p 56.
Nous retrouvons là tout le spiritualisme de Platon dans ce bref passage : l’apprentissage qui consiste à aller de la beauté du
corps physique à celle de l’âme, et de l’âme aux idées immuables. Diotime enseigne à Socrate l’art de l’Amour et la science du beau.
L’idée de beau chez Platon est également le cheminement de la diversité vers l’unicité. Ce qui peut nous rappeler l’idée d’unicité
développée dans l’article précédent au sujet de la quête philosophique et politique de Jean Jaurès , avec au bout de cette
quête la force créatrice, l’origine, le divin.
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