L’ÉVOLUTION SPIRITUELLE

UN NATUREL BESOIN DE SPIRITUALITÉ


Du fond des âges, nos sociétés terriennes n’ont jamais pu se passer des mythes et des religions qui furent les supports à des
croyances autour de la notion d’un monde invisible. C’est une constante depuis la plus haute Antiquité, voire depuis la Préhistoire : l’humain s’est toujours interrogé sur l’éventualité de son existence future au-delà de la mort, conjuguée à la notion d’un
Dieu créateur.


Et puis plus tard, sous l’inspiration de quelques philosophes, l’idée d’une vie sans Dieu voyait le jour, souvent reliée à une
remise en question des dieux mythologiques ou du Dieu des religions, mais également dans des perspectives strictement athées
avec la ferme conviction que tout s’arrête à la mort.


Dans l’Histoire des civilisations, il y eut peu d’exemples de sociétés athées, à l’exception de celles qui ont vécu un régime
politique d’inspiration communiste et marxiste ayant voulu faire disparaitre les influences religieuses. Ce fut l’ère du matérialisme
philosophique en Union Soviétique, en Chine, à Cuba et dans quelques autres pays. La règle y était l’abandon, voire l’interdiction des religions, car celles-ci, opium du peuple, selon la formule de Karl Marx, étaient considérées comme bourgeoises, aliénantes, néfastes à la conscience de classe et à l’émancipation par la justice et la liberté. Ce qui au final ne fut pas du meilleur effet, car la frustration a incité des populations à perpétuer des pratiques religieuses clandestinement, signes d’un besoin qui n’avait pas totalement disparu malgré les injonctions des pouvoirs. La preuve en est qu’après la chute de ces régimes, le besoin de spiritualité ou de croyance, un temps réprimé, retrouvait tous ses droits. En Russie par exemple, soixante-dix ans plus tard, la foi portée par l’Église orthodoxe, s’est à nouveau imposée pour une bonne partie de la population. En dehors de ces épisodes particuliers, les sociétés théocratiques se sont perpétuées ayant survécu à des siècles de vieux principes de soumission à un pouvoir à la fois religieux et temporel. C’est ce que l’on voit encore dans les pays régis selon une loi religieuse et non une loi civile.


Concernant les anciennes théocraties occidentales, le mysticisme avait entretenu la croyance, suivie par des populations
soumises au clergé catholique, lui-même sous la coupe de sa hiérarchie papale qui était en relation étroite avec des pouvoirs
royaux ou impériaux. On peut dire à ce stade que la notion marxiste d’une religion opium du peuple, avait du sens, mais
que sa traduction concrète a été funeste, du fait que, pour remplacer l’asservissement du religieux, on a inventé un autre
asservissement, athée celui-ci, dédié à une idée révolutionnaire puis à un personnage emblématique et providentiel.
Ces systèmes ont conduit à une certaine forme de mystique par exemple avec le petit père des peuples, devenu une nouvelle icône, un objet d’adulation ayant supplanté la notion de Dieu le Père. Ce fut le fameux culte de la personnalité qui s’est
développé dans tous ces systèmes où le personnage principal devenait souvent le gouvernant à vie. Nous avons là un modèle
quasi religieux d’une foi en un seul homme devenu l’autorité suprême qui, comme un pape, va jusqu’à sa mort (ou presque
selon les cas), porter l’idée du processus révolutionnaire. Et, bien évidemment, ces modèles ont posé les questions de la
liberté et de la démocratie, dans des systèmes qualifiés de totalitaires du fait que seul le parti de la révolution avait sa
place à l’exclusion de toute autre représentation politique. Ce qui conduisit à toutes sortes de persécutions, d’exécutions, de
répressions, d’emprisonnements, d’exils, pour ceux qui étaient en désaccord avec la ligne du parti. Tout cela est certes devenu
une vieille histoire (à quelques exceptions près d’aujourd’hui), mais concernant le religieux, l’absence de liberté de pratique
était en réalité un problème de droits bafoués, le droit de croire ou ne pas croire, même si les religions n’étaient pas spécialement portées par des élans émancipateurs. Cependant, à titre de contre-exemple, d’autres tendances ont prouvé la possibilité d’une coexistence entre un combat qui était à la fois d’inspiration marxiste et d’inspiration chrétienne pour la défense des droits. Il s’agissait dans les années 1960 et 70, de la théologie de la libération, mouvement de défense des «sans-terre»  en Amérique latine et en particulier au Brésil, sous l’égide de Dom Elder Camara ; une tendance que nous avions également vu éclore en Europe, notamment en France avec les prêtres ouvriers, engagés socialement à cette époque-là.


Tout cela nous indique clairement que le besoin de spiritualité, quelle qu’en soit la forme, ne peut pas être occulté, et que si
on le contraint, on le fait sortir par la porte et il revient par la fenêtre. C’est ce qui s’est passé à la fin de l’Union soviétique
(1991), sachant par ailleurs que quelques temps avant l’implosion du système, Mikhaïl Gorbatchev avait déjà rétabli les
libertés religieuses. Les religions ont toujours été révélatrices d’un besoin d’au-delà, d’un appel à la spiritualité, ou dit autrement d’une intuition de la perpétuité de l’âme et d’une transcendance divine. Elles ont inventé plusieurs théories quant à la représentation d’un autre monde post mortem. Toutes ces descriptions restent naïves, reliées à des mythologies anciennes avec des personnages qui incarnent des valeurs ou des fonctions spéciales dans des formes qui furent d’abord polythéistes avec des dieux susceptibles de vivre les mêmes tourments que les humains. Ce sont des conceptions dont l’origine remonte à des mythes
ancestraux, donc à des symboles et des imageries. Et c’est là que l’irréel imaginaire s’est confondu avec un réel supposé,
un autre monde imaginaire chez les chrétiens, avec ses tribunaux et ses pénitences calqués sur les institutions humaines.
De là sont nées à l’intérieur du monothéisme cette fois-ci, des notions de destinées définitives après un jugement divin, voire
un jugement dernier à la fin des temps. Et tout cela dans des sociétés où le spirituel et le temporel n’avaient pas encore été
déconnectés par une forme de laïcité. C’est ainsi que l’on gouvernait au nom de Dieu, avant la Révolution française, ce qui
vaut encore pour un certain nombre de théocraties aujourd’hui.


Mais ce qui demeure encore très naïf, c’est que ce Dieu était à l’image des hommes de pouvoirs, calqué sur l’autorité des
puissants qui eux-mêmes s’étaient autoproclamés représentants de Dieu sur Terre. Et c’est à partir de cette réalité que Karl
Marx avait construit son athéisme, à l’encontre d’une image d’un Dieu semblable à ses représentants terrestres qui se permettaient d’asseoir leurs pouvoirs en son nom. Mais déjà avant  lui, cette notion avait aussi appartenu à la Révolution française,
quand, le clergé associé à la noblesse et à la royauté, fut accusé d’avoir entretenu la soumission du peuple. 

 

VERS UNE SPIRITUALITÉ NON RELIGIEUSE


Face à cet historique de nos sociétés qui se sont fondées sur des mouvements religieux divers, il y eut l’apport des philosophes dont certains ont réfléchi à la spiritualité en dehors du religieux. Depuis Socrate ou Platon, jusqu’à Spinoza ou Leibniz, le spirituel fut interrogé indépendamment des phénomènes religieux. Et c’est enfin au XIXe siècle avec le spiritisme qu’apparaissait une nouvelle façon d’aborder la question, à partir de faits qualifiés d’irrationnels qui furent étudiés rationnellement.


Ces faits-là avaient antérieurement été assimilés au religieux par des interprétations miraculeuses, et cette fois-ci, ils furent
abordés sous l’angle de la science conduisant à une philosophie, ce qui donnait naissance au spiritualisme anglo-saxon, et
ensuite de façon plus élaborée au spiritisme français formulé par Allan Kardec. C’est alors que se détachait une nouvelle
forme de spiritualité totalement inédite, areligieuse, et qui par ailleurs se distinguait également des écoles ésotériques ou
occultes comme par exemple la rose-croix, la théosophie, l’anthroposophie, l’alchimie, le chamanisme... Ainsi le spiritisme kardéciste se répandait, essentiellement dans les pays de culture latine, en particulier dans toute l’Amérique
du Sud et plus spécifiquement au Brésil, prenant des formes diverses et souvent assimilé à un mouvement religieux, preuve
qu’il est difficile de mettre la spiritualité hors du religieux qui s’immisce à nouveau dans ce qui aurait dû rester strictement un
mouvement à la fois scientifique et philosophique. 


 Maintenant concernant ce qu’un mouvement peut apporter au monde pour son évolution, nous arrivons à la véritable raison
d’être d’un spiritisme moderne et progressiste qui s’est débarrassé de toute influence religieuse, et qui, en conformité avec
l’humanisme laïque qu’il représente, doit pouvoir impulser un souffle nouveau dans notre monde tiraillé de toutes parts
autant sur le plan des influences théocratiques que sur celui d’une résurgence de régimes totalitaires.


Le spiritualisme spirite doit se positionner clairement concernant le sens de l’évolution réincarnationniste, en invitant au
respect de la vie, en condamnant la peine de mort comme cela fut fait dans Le Livre des Esprits, en dénonçant tous les
crimes de guerre perpétrés par des despotes expansionnistes assoiffés de sang. Certaines religions ont participé de ces
exactions insupportables, ayant troqué la spiritualité contre le pouvoir des plus puissants de leurs représentants. En cela, elles
devraient être définitivement obsolètes, surtout quand nous parlons d’une spiritualité qui intègre la transcendance divine à
l’origine de nos existences et de lois qui régissent nos vies successives dans un appel à l’amour du prochain débarrassé des
antiques préjugés, pour une émancipation des êtres qui auront retrouvé le vrai sens de leur incarnation.


C’est donc bien le sens de la réincarnation, loi émanant d’une force divine incommensurable qui, une fois admise et comprise, pourra en conséquence, inviter le genre humain à une morale et une éthique qui découleront naturellement de la
compréhension de cette loi.
Certains pourront toujours se dire que les choses évolueront d’elles-mêmes, et que la Providence fera le reste. Mais on
sait aussi que l’immobilisme et le laisser-faire, ont toujours représenté de funestes dangers dans l’histoire de l’humanité.
Il n’y a donc de véritable règle que celle de l’action, à condition que ce soit l’action qui va vers le beau, le bien et le juste,
dans une perspective d’évolution d’une humanité qui, pour ce faire, aura besoin de poursuivre de grandes réflexions sur la
condition humaine. Et quelle meilleure approche pour entamer cette réflexion que la proposition spirite ? C’est à partir d’une
réflexion sur une continuité de la vie après la mort, que l’humanité trouve un sens réel à son existence, à ses joies, ses peines,
ses tourments et ses espérances. C’est un nouvel horizon qui s’ouvre pour toutes celles et tous ceux qui portent en leur cœur
l’étincelle d’une vie à faire épanouir, qui ont un profond désir de beau et de bien, ayant intuitivement la certitude que la vie a
un sens, mais ne sachant exprimer cela face à un autre monde dont l’existence leur parait voilée et insaisissable.

 

LA SPIRITUALITE ENSEIGNANTE : philosophie pour demain


Mais au-delà du sens de la vie tel qu’il peut se dessiner, nous sommes obligés aujourd’hui de réagir dans l’urgence en considérant les périls de notre monde, confronté aux agressions humaines, tant par les guerres que par l’exploitation effrénée
d’énergies fossiles ayant déjà conduit à un réchauffement climatique plus que préoccupant. À tel point que la jeune génération devient pessimiste, voire dépressive face à cette fuite en avant qu’elle dénonce souvent, mais qu’elle n’a pas les moyens
de freiner.

Bien sûr la spiritualité enseignante n'a pas toutes solutions, parfois même il y a des pistes de solutions et parfois difficiles à appliquer. Alors on attend, on procrastine, certaines personnes se disant qu’il y aurait comme une fatalité contre laquelle on ne peut rien.


Du point de vue spirituel, nous pouvons au moins avancer l’idée que la continuité de la vie dans un autre monde avec des perspectives plus lointaines de se réincarner, devrait nous inciter à protéger notre planète, aujourd’hui et maintenant. Il ne s’agit
pas de penser égoïstement à l’éventualité de notre prochaine réincarnation dans quelques décennies, mais de toute la jeunesse planétaire qui fait partie de la chaine humaine sans fin, où les uns et les autres sont reliés affectivement, se perdent de
vue puis se retrouvent d’une vie à une autre dans une nécessité évolutive à la fois individuelle et collective. C’est l’évolution
des nôtres, enfants, parents et amis ; c’est aussi l’évolution de nos contemporains plus lointains que nous ne connaissons pas,
mais qui cependant nous intéressent par le simple fait qu’ils et elles sont nos alter ego dans la chaine de la vie régie par
les lois divines. Et c’est enfin l’évolution de notre Terre dans ses climats, sa faune et sa flore, une planète qu’il nous faut
sauver à partir d’une éthique réelle prenant en considération toutes les solutions possibles déjà pensées par de nombreuses
personnes depuis longtemps.

 

Voilà bien le vrai problème que nous devons tous prendre en considération. Nous savons en outre que la force pensée recèle un certain nombre de possibilités. Cela peut être expérimenté dans le prolongement des expériences de psychokinèse. L’esprit préexiste à la matière ; il peut agir pour l’influencer, voire même pour rééquilibrer des fonctions naturelles déréglées. La société
future pourrait prendre en compte cette réalité et des réalisations seront possibles le jour où l’humanité aura acquis une
certaine maturité spirituelle.

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