UN MONDE EN MUTATION

En fonction d’une guerre meurtrière et des équilibres mondiaux qui sont en train de basculer, l’heure est à de nouvelles
analyses et réflexions face aux grands défis d’un avenir incertain, mais dans l’espoir de lendemains plus stables.
Nous n’avions pas suffisamment vu ni bien mesuré les dégâts produits par Vladimir Poutine depuis son arrivée à la présidence
russe en 1999. Nous n’avions pas non plus bien pris conscience des pratiques d’une Chine qui, non seulement, tend à diriger le
monde économiquement, mais commet des exactions insoutenables, comme nous l’avons vu à Hong Kong et au Xinjiang, là
où sont persécutés les Ouïgours. Et demain qu’en sera-t-il de Taïwan ?


Ainsi, nous sommes à l’heure où les dictatures s’installent chez les grandes puissances ; on peut y ajouter l’Inde, plus des puissances montantes comme l’Iran ou l’Arabie Saoudite. Cette réalité n’est certes pas irréversible et pourrait même à très court terme se modifier par des soulèvements ou des élections. Une réalité est cependant de plus en plus établie, celle des
influences et propagandes de ces nouvelles puissances qui ont des résultats plus graves qu’il n’y parait.


LES INFLUENCES D’HIER
Sur ce point, nous savons aujourd’hui, suite à un bon nombre d’enquêtes, que l’élection de Trump et l’avènement du Brexit
furent pour beaucoup les résultats de cyberattaques russes. Juste avant l’élection de Trump, les trois États pivots (swings
states) avaient fait l’objet d’une propagande russe massive via les réseaux, lui ayant permis d’emporter ces trois États et donc
l’élection. Et puis évidemment, le soutien des Évangélistes avait fait le reste. 


On sait également que sans ces cyberattaques propagandistes, le Brexit n’aurait peut-être pas eu lieu.
Ajoutons pour compléter le tableau que la Russie a soutenu les extrêmes droites d’Europe, France comprise, dans le but de
produire une déstabilisation de l’Union européenne, sachant que certaines de ces droites-là, nationalistes et souverainistes, souhaiteraient voir l’Union voler en éclat.


Il y a donc un grand nombre de manœuvres qui, loin d’être innocentes, sont là pour peu à peu insuffler des déséquilibres, et
quand ce n’est par des cyberattaques, c’est alors par des financements de nos partis politiques d’extrême droite, bien qu’il puisse
y avoir les deux à la fois. Nous sommes là peut-être un peu loin de notre sujet spirite, mais pourtant ce sont bien nos valeurs qui sont mises à mal, quand le crime de guerre se perpétue à nos portes, quand une nation ne respecte plus aucune règle, pas même les règles de la guerre. En outre, nous avons plusieurs fois évoqué la notion de démocratie qui doit faire partie de nos valeurs spirites, et en précisant comme toujours «aussi imparfaite soit-elle». Qui donc peut choisir encore aujourd’hui la loi des despotes, la loi des criminels de guerre, la loi des persécuteurs de prisonniers pour leur apprendre la soumission ? Voilà quelques questions simples qui paraitront peut-être simplistes pour certains, mais ce sont là des questions de bon sens et d’humanité, à moins que certains de nos contemporains ne préfèrent tout ce qui conduit à la persécution, aux camps de travail, aux tortures ou aux crimes de guerre. Si en tant que spirites, nous n’avons pas l’exclusivité des valeurs morales, nous défendons cependant des valeurs identiques à celles de tous les humanistes, avec simplement ce supplément de spiritualité qui nous indique la perpétuité de l’âme, une âme qui se réincarne et qui, dans son évolution, apprend à justement respecter ces grandes valeurs universelles et divines. Valeurs parmi lesquelles la volonté de paix, ce qui à y regarder de plus près ne sera pas si simple. À partir de l’idée de paix, se décline le mot pacifisme, et là il faut devenir prudent.

 

LA NOTION DE PACIFISME
L’Histoire nous a appris que dans un monde cruel comme le nôtre, le pacifisme ne doit surtout pas être béat et naïf. Les péripéties
de l’avant-guerre durant les années 30, ont montré combien il aurait fallu garder les yeux grands ouverts quand se profilaient
les ombres du fascisme, pourtant déjà bien visibles ici et là. Déjà en 1933, le camp de la mort de Dachau comptait de nombreux
déportés avec notamment des opposants communistes. Déjà la guerre d’Espagne (1936-1939) aurait dû mettre l’Europe en
émoi, et faute d’une intervention françaises et britannique, la résistance à Franco fut uniquement appuyée par les volontaires
des Brigades internationales. Et déjà les aviations allemande set italiennes bombardaient les républicains espagnols, comme
dans une séance d’entrainement pour la suite d’une autre guerre.


On se voulait pacifistes, on a même signé les accords de Munich (1938) en faisant mine de croire que les choses n’iraient pas plus
loin. Mais voilà, à ne pas vouloir regarder les dangers en face, en imaginant que dans l’immobilisme la paix serait préservée, c’est
là que le pire est arrivé, le pire de ce qui était prévisible et que peu de personnes avaient voulu voir.
Eh bien, il en est de même aujourd’hui quand, depuis plus de vingt-trois ans, des forces de déstabilisation sont à l’œuvre,
quand durant tout ce temps, un dictateur a fait la guerre et semé la mort sans discontinuer et que l’on commence enfin à réagir
quand il arrive aux portes de l’Europe. Nous pourrions considérer avec effroi ce que disait récemment Piotr Tolstoï, vice-président
de la Douma : «La guerre est notre idéologie nationale.»


C’est à cause d’inattentions répétées que les forces du mal prennent le pas et surprennent ceux qui se sont laissés surprendre,
dans un pacifisme naïf qui ne voit rien arriver, ou qui le voit quand c’est trop tard. 

 

LES BRICS : BRÉSIL, RUSSIE, INDE, CHINE, SOUTH AFRICA


Un groupement à vocation économique et commerciale a vu le jour en 2011 sous cette appellation. C’est ce qu’on a longtemps
appelé les pays émergents, mais qui cette fois-ci ont fini par émerger économiquement. Tournant le dos aux pays les plus
riches, en particulier les États-Unis, ces pays appartenant au grand Sud ont dénoncé les excès de la Banque Mondiale et du
FMI, développant actuellement un nouveau pôle bancaire international à Shanghai, dont la présidente nouvellement nommée
est Dilma Rousseff. Cette union d’États a toutefois cette particularité d’être composée de trois dictatures ou régimes autoritaires
que sont la Russie, l’Inde et la Chine, et c’est une curiosité de voir le Brésilien Lula, démocrate, se retrouver à son aise dans
ce type de coopération. Cette alliance économique et commerciale reste cependant compréhensible, mais sur le plan des guerres en cours ou à venir, il faudra tout de même que la position brésilienne se clarifie selon la composante humaniste inhérente au parti des travailleurs dont Lula a toujours été le digne représentant. Nul doute que sa présidence sera un grand défi pour le développement du Brésil dans le sens de la justice, des libertés et de la préservation de l’Amazonie, mais l’idéal serait que la politique étrangère soit tout autant tournée vers les droits humains, en particulier concernant les grands pays qui prétendent diriger le monde, ce nouveau monde qui se profile.  

 

Nous avons un peu le même problème en France, quand une certaine gauche en appelle à la paix entre les belligérants, ignorant
complètement le fait qu’il s’agit d’une invasion, et indiquant qu’il faut cesser d’alimenter l’Ukraine en fournitures d’armements et autres. Et c’est aussi en ignorant qu’un dictateur fait sa loi depuis plus de deux décennies. Les mêmes avaient déjà affirmé que Poutine avait eu parfaitement raison de bombarder la Syrie à partir de 2015. Comment comprendre que des gens de gauche approuvent des crimes de guerre, donc contre des civils, autrement nommés crimes contre l’humanité, soutiennent des dictatures qui s’étendent au-delà même de leurs propres frontières, contestent des réalités pourtant avérées d’un peuple emprisonné et torturé dans des camps de travail du Xi Jiang. Et de là, on voudrait nous faire croire que tout cela est de l’intoxication, que les rapports d’Amnesty international ou Human Rights Watch seraient faux. On va donc très loin dans le déni, pour de sombres raisons
idéologiques qu’il nous sera difficile d’appréhender. Mais on y devine cependant une similitude avec tout ce qui a empoisonné l'univers médiatique depuis au moins trois ans, s’agissant de toutes ces propagandes à partir de fake news, dans le prolongement des vaccins avec nanoparticules pour nous tracer, des accusations de pédophilie chez les démocrates américains, j’en passe et des meilleures... On entend dire également que ce n’est pas correct d’avoir interdit la chaine de propagande RT (Russia
Today). Bref, il semblerait que l’univers conspirationniste ait quelque peu contaminé l’univers politique d’une certaine gauche
qui, aujourd’hui, soutient sans sourciller ceux qui se veulent les nouveaux maitres du monde, Poutine et Xi Jinping !

 


AUTOUR DE LA DÉMOCRATIE
Sur ce plan, il y aurait une option spirite à déterminer, et qui pourrait avoir un caractère universel et unanime. En considération
de l’évolution réincarnationniste de tous les êtres humains, il nous faut délimiter et définir clairement les vraies valeurs du
spiritisme d’aujourd’hui qui, cependant, ne seront guère différentes de celles d’hier. Et de ce point de vue, il n’y a plus à tergiverser face à ces fameuses fake news qui ont pollué nos dernières années dans le monde entier, faisant vaciller le sens des valeurs pourtant les plus simples et les plus évidentes.

 

Rappelons alors les principes de bon sens que la spiritualité enseignante prodigue : 

• L’égalité entre tous les individus, sans admettre aucune forme de différence, refusant tous les ostracismes
• La liberté de conscience, de croyance ou de religion, tout en recherchant le respect de tous dans l’absence de coercition, de fanatisme ou d’intégrisme
• La justice qui s’appuie sur les droits humains tels qu’ils furent édictés par la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen de 1989, nous y ajoutons la Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne de 1791 d’Olympe de Gouges, et la Déclaration universelle des droits de l’homme par les Nations Unies en 1948.
• Ensuite, l’organisation des sociétés et des États doit s’inspirer de ces critères éthiques qui ne sont pas de simples fantaisies du
monde occidental, mais des principes universels susceptibles de s’appliquer partout, quelles que soient les cultures. Evidemment,
c’est sur ce plan culturel que les choses se compliquent quand, par exemple, des États considèrent l’homosexualité comme une
anomalie qu’il faut contraindre et rejeter jusqu’à l’exclusion du milieu social, voire pire encore. 

 

Allons encore un peu plus loin pour bien situer ce que
nous appelons spiritualité enseignante de progrès. Il est par exemple indigne, en tant que spirite, d’accepter quelque distinction
que ce soit provenant d’un dictateur ou d’un gouvernant d’extrême droite. Cela fait partie des lignes rouges à ne pas franchir, mais que pourtant certains franchissent allègrement. Les spirites du monde les mieux informés devineront le sens de cette allusion…
Revenons donc à tous nos fondamentaux en matière de morale, en y ajoutant une notion plus générale qui s’appelle la démocratie. Contrairement à l’autocratie,  c’est déjà un pas important vers le progrès des sociétés; c’est un pas certes bien insuffisant dans ses formules actuelles, mais c’est déjà un premier pas dans le respect possible des valeurs précédemment évoquées. 
La démocratie s’oppose à toutes les formes de gouvernances arbitraires d’un seul ou d’un seul parti. C’est le moyen de faire participer toute une population d’un pays à des choix par le vote pour les élections de ses représentants, voire par le référendum. Cela remonte à l’Antiquité grecque, quand la forme la mieux aboutie de la démocratie athénienne fut réalisée au Ve siècle av.
J-C. par Périclès. Et retenons également le rôle des philosophes comme Platon et Aristote qui ont contribué à la réflexion sur l’idée d’une gouvernance nouvelle permettant à tout citoyen de participer à la vie de la cité. Sur ce thème, concernant une période historique plus récente, nous avons certes dû réfléchir longuement sur les tentatives passées de «démocraties populaires
» ou de «républiques socialistes» qui envisageaient le bonheur des peuples à partir des notions d’égalité et de justice. Et il nous a bien fallu constater que le bonheur n’était pas au rendez-vous. Cela est lié au fait qu’il n’est pas légitime de maintenir le pouvoir
d’un parti unique sans le remettre en question par des élections régulières avec l’existence d’une opposition. Ce fut en réalité un déni total de démocratie, au prétexte qu’on était sûr de parvenir à la félicité dans un système, humaniste en théorie, mais qui à
chaque fois était devenu une dictature.

 

Il faut donc repenser les idées généreuses à partir d’autres critères qu’il serait trop long d’évoquer ici. Cette idée de nouvelles sociétés, à la fois humanistes, socialistes et spiritualistes, qui serait une piste pour un nouveau monde sain.

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