Les dangers de l'extrême droite - introduction

Publié le 4 août 2025 à 08:04

«Aujourd’hui, avec la montée préoccupante de l’extrême droite
et des racismes, j’ai le sentiment que nous sommes déjà en
guerre.» Cette citation de l’abbé Pierre avant sa mort en 2007
n’a jamais été aussi actuelle au regard de la montée de l’extrême droite sur l’ensemble du continent européen (au moins une chose dont il n'avait pas tort).


Allemagne, Italie, Autriche, Hongrie, quatre élections récentes
alertant sur une extrême droite de plus en plus influente :
Les dernières élections en Allemagne ont vu, pour la première
fois depuis la fin de la deuxième guerre mondiale, l’entrée
fracassante d’un parti raciste au Bundestag : l’AfD (Alternative
pour l’Allemagne) a remporté 92 députés (sur 709).


La peur de convocation de nouvelles élections au cours desquelles l’AfD auraient pu augmenter encore son score de 12.6 % (contre 4.9% quatre ans plus tôt) a fini de convaincre les militants du SPD (gauche) de s’allier avec la CDU-CSU (droite) de
Mme Merkel pour reconduire une «grosse coalition», au risque
de faire de l’AfD le plus important parti d’opposition du Parlement, avec tous les avantages qui y sont liés, et donc de le renforcer encore. En Italie, lors des élections législatives du 4 mars, la Ligue (ex-Ligue du Nord) de Mattéo Salvini, qui a gommé le régionalisme sécessionniste du parti au profit d’une ligne davantage souverainiste, populiste et identitaire, a dépassé le parti Forza Italia de Silvio Berlusconi et a pris la tête de cette coalition en réalisant plus de 17% des voix (contre moins de 4% il y a quatre ans) avec un mot d’ordre simple «Les Italiens d’abord !» et en voulant «nettoyer l’Italie rue par rue»… 

Alors que le «Mouvement 5 étoiles», autre parti «anti-système» qui a en commun le rejet des immigrés, réalise plus de 32% des voix, c’est donc la moitié des italiens qui ont plébiscité des partis ouvertement xénophobes qui ont signé entre eux, à la surprise
générale, un accord de gouvernement en mai dernier. En Autriche, les élections fin 2017 ont vu la victoire du jeune Sebastian Kurz (Parti Populaire (ÖVP), droite conservatrice 31% des voix) qui n’a pas hésité à s’allier avec le Parti de la liberté (FPÖ, 26,8% des voix), formation d’extrême droite créée par Jorg Haider et menée par Heinz-Christian Strache, en confiant à ce parti la totalité de l’appareil sécuritaire, l’armée, les services secrets, les Affaires étrangères, le fonctionnariat. Cette coalition avec le FPÖ s’est concrétisée dans l’indifférence générale alors qu’en 2000, l’arrivée de ce parti dans un gouvernement de coalition avait provoqué un tollé européen  et l’adoption de sanctions européennes contre Vienne. Le nouveau chancelier n’hésite même pas à «voler» au FPÖ ses thèmes porteurs, surfant sur l’hostilité à l’égard de l’immigration et de l’Islam, manifestée par la population autrichienne
(plus des deux tiers des sondés). Aux élections législatives 2018 en Hongrie, le Fidesz (droite conservatrice et nationaliste) du premier ministre Victor Orban au pouvoir depuis 2010 a axé sa campagne sur la lutte contre l’immigration clandestine, posant le terrorisme islamiste comme la conséquence de l’immigration de masse provoquée par la crise migratoire en Europe. M. Orban s’est opposé  de façon virulente à l’accueil de migrants en faisant adopterdes lois anti-migrants ultra-répressives (prison à leur entrée
dans le pays) que n’aurait pas renié le Jobbik («Mouvement  pour une meilleure Hongrie»), parti ultranationaliste d’extrême
droite (qualifié de néo-nazi) de Gabor Vona qui fait pression sur la politique du gouvernement, fort de ses 20% de voix.


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