Une extrême-droite européenne aux différents visages mais des caractéristiques communes et une influence indéniable :
L’extrême droite en Europe est plurielle même si on distingue deux grandes mouvances :
- L’extrême droite activiste, fasciste ou néonazie : ces groupuscules ou partis néofascistes ou néo-nazis, skinhead, se réclament
du fascisme des années 30. Cette mouvance est désormais marginale en Europe même si la violence revendiquée peut être terrible
en termes de violence politique ou d’actes anti-immigrés (comme ceux commis par «Aube dorée» en Grèce). Ainsi, en Allemagne, le NPD n’atteint pas 1% des voix.
- Les partis nationalistes, populistes, souverainistes et xénophobes : FPÖ en Autriche, Parti des Vrais Finlandais, Front
National en France, Parti pour la liberté en Belgique, Vlaams Belang et NVA en Flandre… La liste de ces partis est longue
mais la stratégie est la même : gommer les aspects historiques et nauséabonds de l’extrême droite activiste (négationnisme,
racialisme, antisémitisme) afin d’avoir un visage présentable dans une perspective de conquête du pouvoir par les urnes.
L’extrême droite a même troqué son antisémitisme historique contre l’islamophobie par un soutien à Israël comme avantgarde
de l’Occident face à «l’invasion musulmane.» Si le visage de l’extrême droite en Europe est protéiforme, le corpus doctrinal est le même : nationalisme xénophobe hostile à la société multiculturelle et prônant la «préférence nationale», arrêt de l’immigration, voire renvoi des étrangers, dénonciation des partis traditionnels, et surtout, obsession sécuritaire (fermeture des frontières, contrôle des étrangers) qui se conjugue avec repli identitaire. La haine anti-migrants (moteur de l’AfD en Allemagne suite à la politique d’accueil de la chancelière Merkel en 2015/2016) unit tous les partis d’extrême droite européens sur fond de racisme, de xénophobie qui constituent l’orientation de cette idéologie qui prospère sur fond de crises économiques, migratoires, sociales et politiques secouant l’espace européen.
Le danger n’est pas tant une victoire soudaine du pouvoir – même si le danger est réel - par ces héritiers du fascisme mais leur capacité à influencer et à peser sur les gouvernements en place, et, plus largement, conquérir progressivement l’hégémonie
dans les sociétés civiles par une pratique d’infusion et de diffusion des idées. La principale conséquence est la radicalisation
des partis de droite classique qui se sont petit à petit imprégnés des discours d’extrême droite (identité nationale, immigration, insécurité) - qu’ils légitiment au passage - en devenant des partis de droite «dure», comme en Hongrie où il est de plus en plus difficile de distinguer la droite et l’extrême droite. En France, si Marine Le Pen a été sévèrement battue au deuxième tour de l’élection présidentielle en 2017, ses idées sont quasiment toutes reprises par le parti de droite Les Républicains de Laurent Wauquiez, bien disposé à «chasser sur les terres du FN» avant peut-être d’envisager de s’allier avec lui, comme c’est le cas dans d’autres pays européens (Autriche, Finlande, Bulgarie) où les digues ont sauté. Car si aucun parti d’extrême droite ne conquiert le pouvoir, plusieurs y accèdent via la participation à des gouvernements de coalition, dans une forme de banalisation et d’acceptation de ces partis extrémistes qui ont appris à policer leur discours. Désormais troisième parti politique dans une dizaine de pays, ces partis s’ancrent et sont présents dans tous les Etats européens.

Ajouter un commentaire
Commentaires