Histoire vécue : la preuve par deux

Publié le 11 août 2025 à 08:29

Depuis un long moment, j’écoutais cette vieille dame sympathique me raconter ses misères. Madame Richard a plus de 82 ans, mais encore bon pied, bon œil et surtout un cerveau de jeune fille. Et pourtant, elle a eu sa part de misères, en 80 ans une vie ne peut être uniquement un tapis fleuri. Des difficultés, des chagrins, des deuils ! Veuve de bonne heure, elle a élevé seule quatre enfants, trois filles et un garçon, le petit dernier, Jean-Paul. Justement, elle vient de le perdre, suite à une maladie qualifiée de longue et incurable. Elle aurait souhaité être plus présente à ses côtés mais sa belle-fille faisait une sorte de barrage, filtrant les appels téléphoniques et limitant les visites. Une femme autoritaire ayant toujours privilégié la famille de son côté. Jean-Paul, affaibli et habitué à une certaine soumission ne pipait mot, même si à l’occasion, presque en douce, il montrait à sa mère la joie qu’il éprouvait lorsqu’elle était présente. Heureusement, et pour elle c’était un réconfort inestimable, elle l’avait vu juste avant sa mort. Alors qu’il était dans le coma depuis plusieurs heures, lorsqu’elle était entrée dans sa chambre d’hôpital, contre toute attente, il avait relevé la tête et lui avait souri. Non pas un sourire embarrassé de circonstances, non, un vrai, un franc sourire, celui des grandes occasions.


Ma vieille amie en avait encore les larmes aux yeux. Quelques heures après, il quittait les siens.


“J’aurais du m’imposer, aller chez lui plus souvent. Peut-être pas. Je ne sais pas. Et maintenant j’envie ceux qui ont une foi solide. Je crois mais je doute. Je crois que mon fils vit d’une autre façon mais parfois je suis découragée. Comment savoir avec certitude ?”


Depuis un moment je me sentais bizarre, une sensation d’être ici et ailleurs, puis petit à petit la perception d’une présence qui dégageait une chaleur bienfaisante.

Et c’est au moment où j’ai eu la quasi-certitude que Jean-Paul était là, qu’une petite voix intérieure insistante m’a interpellé :


“ Dis-lui que j’ai rencontré mon frère et qu’il va bien. Dis-lui que tous les deux nous l’aimons !”


Un vrai délire car il n’y avait pas d’autre garçon.


Mon désir de comprendre et d’aider cette dame me provoquait des perceptions fantaisistes. Pourtant.. Je devais savoir.


“ Madame Richard, avez-vous eu d’autres enfants en dehors des quatre que je connais ?”


“ Oui, je ne vous l’ai jamais dit. Avant Jean-Paul, j’ai perdu un enfant de neuf mois. Nous habitions dans un endroit isolé en campagne. Il est mort suite à une infection provoquée par une otite. Le médecin n’a pas pu se déplacer. Il est arrivé trop tard.”


“ C’était une fille ou un garçon ?”


“ Un garçon, après j’ai eu beaucoup de peine à avoir un autre enfant. Mais il y a eu Jean-Paul.”

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