Eusapia Palladino, celle que l'on surnommait la princesse de l'ombre, est née à Naples le 21 janvier 1854. Les premières manifestations médiumniques furent constatées dès l'age de quatorze ans. Les tables entrent en lévitation, les chaises se mettent à danser, les rideaux se gonflent, les verres et les bouteilles se déplacent. Mais sa véritable éducation spiritualiste commence dans sa vingt deuxième année sous la conduite du Signor Damiani. C'est un incident singulier qui provoqua cette rencontre. Madame Damiani reçut un message spirite lui demandant de rechercher une dame du nom d'Eusapia en lui indiquant la rue et le numéro.

C'est en 1890 qu'Eusapia fit sa première incursion dans le monde scientifique. Le professeur Lombroso Cesare (1835-1909), Médecin, directeur de l'hôpital psychiatrique de Pesaro, fut converti par les expériences qu'il mena en présence du médium et écrivit : "Je suis rempli de confusion et de regret à la pensée d'avoir combattu avec tant de persévérance la possibilité des faits dits spiritualistes". Cette conversion va amener beaucoup de savants à s'ouvrir aux faits spiritualistes et Eusapia ne va cesser de travailler dans toute l'Europe.
Chaque séance se déroule en présence d'éminents spécialistes et Eusapia est soumise aux contrôles les plus sévères.
Le professeur Chiaia écrit à propos d'Eusapia : " Le cas auquel je fais allusion est celui d'une invalide qui appartient à la plus humble classe de la société. Elle a presque trente ans et est très ignorante… mais quand elle le souhaite, qu'il fasse jour ou nuit… soit attachée sur un siège, soit solidement tenue par les mains des curieux, elle attire à elle les meubles qui l'entourent, les soulève, les maintient suspendus en l'air comme le cercueil de Mahomet, et les fait redescendre avec des mouvements ondulatoires comme s'ils obéissaient à sa volonté. Elle accroît leur poids ou le diminue selon son bon plaisir. Elle dessine sur des cartes, personnages, signatures, nombres phrases simplement en tendant la main vers l'endroit indiqué. Si vous placez dans un coin de la pièce un vase contenant une couche d'argile molle, vous y découvrirez au bout d'un moment l'empreinte d'une main, grande ou petite, l'image d'un visage dont on peut faire un moulage en plâtre. Cette femme s'élève dans les airs, quels que soient les liens qui la retiennent à terre. Elle joue sur des instruments de musique - orgue, cloches, tambourins - comme s'ils étaient touchés de ses mains ou actionnés par le souffle de gnomes invisibles. Cette femme peut parfois augmenter sa taille de plus de dix centimètres ."
Suite à une série d'expériences, on s'interrogea sur l'existence de ce que l'on peut appeler "le membre ectoplasmique". C'est en 1894 que Sir Lodge voit ce qu'il décrit comme "une apparition ressemblant à des membres supplémentaires" en continuité avec le corps d'Eusapia. Ce type de phénomène se renouvela maintes fois, laissant apparaître des mains ou des bras palpables. Le professeur Bottazzi écrit : "la main se posa sur mon avant-bras droit, sans le serrer, je vis une main humaine, de couleur normale, et je sentis avec la mienne les doigts et le dos d'une main tiède, nerveuse et rude. La main se dissout et (je vis de mes yeux) se rétracta comme si elle était absorbée dans le corps de Madame Palladino". Il serait possible de donner quantité de témoignages analogues, mais le plus objectif reste les épreuves photographiques réalisées par Monsieur de Fontenay, révélant diverses mains apparaissant au-dessus de la tête d'Eusapia tandis que les mains du médium sont fermement maintenues. On notera également la remarque du Docteur Venzano sur les formes matérialisées par le médium. " Dans le plus grand nombre de formes matérialisées perçues par nous par la vue, le toucher ou l'audition, nous étions capables de reconnaître des points de ressemblance avec des personnes défuntes, en général des parents, inconnues du médium… "
La médiumnité d'Eusapia Palladino a présenté l'avantage de s'assurer l'attention d'hommes influents dont les comptes rendus publiés concernant ces phénomènes ont pesé bien plus lourd que les commentaires de personnes moins connues.
Eusapia avait à son pariétal une dépression, due à un accident durant son enfance. Des imperfections physiques de ce genre sont très souvent associées à une puissante médiumnité. Il semblerait que la faiblesse corporelle provoque une désorganisation de l'âme, qui se trouverait de ce fait plus détachée et capable d'actions indépendantes. Eusapia était de nature impétueuse et entêtée, mais possédait en outre quelques beaux traits de caractères. Lombroso dit d'elle qu'elle avait "une gentillesse de cœur singulière qui la conduisait à distribuer ses gains aux pauvres et aux enfants afin de soulager leurs malheurs, et qui la poussait à éprouver une pitié sans bornes envers les vieux et les faibles et à ne pas dormir la nuit en pensant à eux. La même bonté de cœur la conduit à protéger les animaux maltraités en réprimandant vertement leurs cruels oppresseurs".

D'une nature différente de celle de Madame d'Espérance, elle permit au travers de sa médiumnité aux multiples facettes une expérimentation rigoureuse des phénomènes spirites par d'éminents scientifiques.
Eusapia se désincarna le 16 mai 1918. Celle que l'on appelait “la diva des savants”, médium à effet physique s'il en est un, servit l'histoire du spirit scientifique. Ligotée, attachée, maintenue, contrôlée, rien ne put empêcher la réalité criante des phénomènes qui se produisaient en sa présence. Si le monde scientifique ne put que constater et s'interroger sur la cause, certains savants, plus perspicaces, comprirent que l'approche du monde spirituel ne peut être faite par des méthodes et procédés conçus par et pour un monde matériel. C'est avec cette ouverture d'esprit qu'ils purent approcher la réalité du monde spirituel et accréditer par leurs témoignages les faits irréfutables produits en la présence d'Eusapia.
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