La récente élection de Donald Trump aux États-Unis a mis en lumière un concept récent qu’il a utilisé dans sa campagne électorale et dont tout le monde a entendu parler mais sans savoir vraiment de quoi il s’agit, à part qu’il revient en boucle dans tous les discours des leaders d’extrême droite du monde entier : le «wokisme». Tout d’abord, il faudrait savoir ce que «wokisme» signifie, tant ce mot est utilisé comme un anathème par ses adversaires qui se révèlent souvent ultraconservateurs s’agissant du racisme, du féminisme, des sexualités diverses et des discriminations.
Or, grâce à la spiritualité enseignante, le monde des Esprits s’est justement manifesté sur ces sujets puisqu’il s’exprime sur tous les domaines qui intéressent l’humanité, dont le domaine social. Nous pouvons donc nous poser cette question d’actualité surprenante au premier abord : la spiritualité enseignante est-elle «woke» ?
«WOKISME» : DE QUOI PARLE-T-ON ?
«Woke» est un terme anglo-américain qui veut dire «éveillé» face aux problèmes liés à la justice sociale et à l’égalité raciale.
L’expression «Being Woke» s’est d’abord popularisée aux États-Unis dans la communauté afro-américaine tout au long
du XXe siècle pour désigner la nécessité de rester éveillé face aux injustices. Aujourd’hui, ce mot signifie «Ne laisse pas passer les discriminations racistes et sexistes». Il connait une véritable notoriété en 2008 par une chanson : «Master Teacher»
d’Erykah Badu, où revient ce leitmotiv : «I stay woke», une manière «soul» de dire «awake» c'est-à-dire «éveillé» dans un
titre qui dit l’importance de rester en alerte devant les menaces que subit un Noir quotidiennement. Mais le terme en lui-même
de «wokisme», est apparu il y a une dizaine d’années aux États-Unis à la faveur de deux mouvements sociaux majeurs
qui ont agité la jeunesse et les minorités raciales, en particulier les mouvements «Black Lives Matter» («La vie des Noirs
compte») et «#MeToo», qui ont repris le slogan de «Rester éveillé».
Le premier mouvement est tout simplement l’expression du droit à ne pas subir le même sort que Georges Floyd (plaqué au sol et tué par le genou d’un policier blanc) alors que le second refuse de subir la violence masculine (harcèlement et viol). Ces droits-là sont fondés sur l’expérience universelle de la vulnérabilité. Un «woke» est quelqu’un qui est hostile aux discriminations et aux injustices raciales, patriarcales, homophobes, transphobes, et, au-delà, à toutes les oppressions et discriminations. Il y a également le souci du prochain perçu comme un semblable, voire un égal, une capacité à partager sa souffrance et à se mettre en mouvement pour le secourir et faire cesser cette souffrance. Cependant, au sens propre,le «wokisme» n’existe pas en tant que tel car il n’y a aucun dogme constitué, aucun clergé unifié, aucun parti organisé ne rassemblant tous les groupes ou individus qui s’engagent dans des luttes qualifiées de «woke».
Or, aujourd’hui, toutes les extrêmes droites de la planète utilisent cette expression fourre-tout pour désigner et dénigrer les idées progressistes centrées sur la défense des droits de groupes minoritaires, en s’amusant à rebaptiser «wokistes» des gens qui ne se nomment pas ainsi, et à disqualifier par là même une démarche de dépassement de soi (être woke signifiant devenir et rester plus vigilant qu’on ne le fut face à l’injustice) et en la faisant passer pour une domination de l’autre (une prétention à être plus éveillé que «la masse»).
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